Qui accuse divise !

Les accusés changent, pas le mécanisme de nos consciences limitées

La vie est décidément pleine d’humour !
Il y a plus de 100 ans, on accusait un juif (Dreyfus) et cela dégénérait en bataille politique, la France se divisant en deux camps, les pro et les anti Dreyfus.
Aujourd’hui, Roman Polanski réalise un film (très beau) sur cette histoire et… arrive au même résultat : les gens se divisent en deux camps, les pro et anti Polanski. (a)

Peut-être devrions-nous re-visiter ce symbole de « l’accusation » ?

Je me rappelle une retraite vécue dans une communauté chrétienne. Le prêcheur nous avait balancé un uppercut dans l’estomac qui m’avait laissé stupéfait. Lors d’un commentaire de l’évangile, il s’était écrié :
« Le diable, il est en vous ! Il est dans vos têtes : c’est celui qui juge et qui accuse ! »
Comme il avait raison !
Un proverbe le rappelle aussi assez bien : « qui veut se débarrasser de son chien l’accuse d’avoir la rage ». La rage qui est en nous se projette ainsi sur un bouc émissaire.

Évidemment, la culpabilité est au cœur de ce mécanisme : quand on accuse l’autre, nous nous plaçons du côté de l’innocence. L’innocence présumée. Car une victime est toujours présumée innocente.
Or, c’est souvent elle qui doit gérer la charge de culpabilité. Elle essaie donc par tous les moyens de s’en débarrasser. Il existe deux moyens de traiter cette charge énergétique (c’est une masse émotionnelle insupportable) :
– la prendre sur soi, et se cacher sous terre, en tentant de disparaître avec sa honte ;
– la projeter sur un autre en accusant, pour se déculpabiliser.
Comme je l’ai expliqué dans le livre « La culpabilité, l’émotion qui tue », la première solution entraîne la souffrance de la victime (c’est mortifère). La deuxième solution entraîne la guerre, car personne n’aime être accusé (c’est tout autant mortifère).

Ces deux solutions reposent sur le paradigme bien/mal : il existerait des gens « gentils » et « innocents », et il existerait – comme à Hollywood – des « affreux méchants coupables ». Or, la vie nous montre sans arrêt que les humains sont constitués d’ombre et de lumière (les proportions varient). Roman Polanski est à la fois un cinéaste génial, et un homme qui avait des pulsions sexuelles qu’il ne contrôlait pas. Comment séparer tout ça ? En divisant.

Mais remarquons bien que cela divise… ceux qui prennent position !

Aux dernières nouvelles, Polanski est toujours entier !
Et ceux qui sont mal, ce sont ceux qui accusent, car ils se retrouvent dans le rôle du « diabolos ». Seul notre mental en éprouve une jouissance, car nos âmes détestent cela, elles qui savent qu’il n’y qu’une réalité, le Un, même si ce « Un » prend des visages bien différents.

a) D’une manière générale, les hommes sont les accusés commodes du moment. On prend prétexte des cas connus ou avérés pour élargir l’accusation. Par exemple, en ce moment, toutes les femmes qui viennent en consultation et qui sont mal dans leur vie commencent par dire qu’elles ont été victimes d’attouchements – sans forcément en avoir le souvenir – ou qu’elles sortent d’une relation difficile avec « un pervers narcissique ». Les autres accusés pratiques sont « les parents toxiques ».
Il ne fait pas bon avoir des enfants ou être un homme…

Dans la valse des accusés, à qui le tour ? Car les innocents sont de plus en plus nombreux…